
Editorial : La guerre entre la RDC et le Rwanda est-elle inévitable ?
Un sentiment de frustration a envahi le cœur des Congolais depuis l’épisode du tir sur l’avion Sukhoi 25 des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) par un missile de l’Armée rwandaise. La colère monte dans les quartiers surtout parmi les jeunes qui estiment que trop c’est trop, qu’il faut en découdre avec le Rwanda. Ce sentiment de frustration et un peu de honte est alimenté par une légion des Congolais surtout, ceux de la diaspora qui ne comprennent pas comment le Congo se « laisse enquiquiner » par le « petit Rwanda ».
La question est au cœur de la nature de chaque pays et de la manière dont les deux pays sont perçus à l’international. Mais, si on ne s’arrête qu’aux aspects communicationnels, aux propos belliqueux des uns et des autres, si on s’arrête au comptage des morts et désormais aux explosions des bombes sales au sein des communautés innocentes, il sera difficile de pénétrer la vérité de cette situation qui est en fait extrêmement complexe. Une guerre avec le Rwanda, c’est en réalité une guerre contre les forces obscures qui se cachent derrière le régime Kagame et qui ont ainsi l’occasion de créer par cette agression la plaie diabétique par laquelle, ils vont attaquer tous le corps social. Il est extrêmement important et c’est d’ailleurs ce qui parait dans la démarche des autorités congolaises, de poser le regard plus loin de Kigali, au-delà de Kagame pour comprendre que si le Congo s’est défini comme un pays-solution au changement climatique, il est malheureusement perçu comme un pays-problème pour le monde.
Sur cet immense territoire aux dimensions sous continentales avec des richesses comme jamais on y a découvert, il existe un peuple, un pouvoir et une souveraineté dont le monde se passerait bien. La souveraineté du Congo est le problème du Congo, elle empêche les différents stratèges de faire main basse sur ce coffre-fort mondial. Il y a des siècles sur le continent américain, alors que les immigrés européens étaient encore peu nombreux, les chefs indiens avaient décidé de faire la guerre et d’éliminer rapidement ces visages pâles venus de la mer. C’était une bonne solution, mais ce qu’ils ne savaient pas, ce que derrière ces pionniers, il y avait un plan d’occupation et d’extermination des indiens. Ils ne voyaient que ceux qu’ils avaient encerclés, mais ils ne pouvaient pas savoir que des milliers de bateaux avec des hommes armés jusqu’aux dents n’attendaient que la victoire des indiens pour les transformer en assassins et pratiquer ce pogrom que le monde a oublié.
Ces forces capitalistes qui ont pris en charge de construire les rapports de force mondiaux sont toujours en activité et se sont donné rendez-vous dans un Congo balkanisé, sinon occupé par des hordes des mercenaires. Ils ont trouvé leur cheval de Troie dans cette Afrique centrale et veulent qu’une guerre ouverte soit le prétexte du chaos.
Le Rwanda est aujourd hui dans une position historique inquiétante, car ayant poussé les bouchons aussi loin, il est obligé de jouer la carte de la guerre en espérant que la Congo va tomber dans le piège et sera confronté aux forces tapies dans l’ombre. Cette culture de la prédation et ce projet de balkanisation est une hydre qui a pris des millions de vies Congolaises, et l’objectif est d’extirper celle-ci des vies Congolaises par une politique d’intelligence et d’anticipation.
Pendant plus de vingt ans, le Rwanda a construit une économie basée sur la commisération du monde entier qui lui assurait un appui au nom de son statut de pays-victime, de l’économie de la prédation en s’accaparant au travers des groupes armés et des maffieux des ressources du Congo et de manière résiduelle de son thé et de son café. Cette économie, depuis quelques mois, est en pleine asphyxie et l’Etat de siège n’est pas loin d’expliquer cette situation.
On peut d’ailleurs comprendre que plusieurs Congolais qui étaient dans ce commerce avec le Rwanda, sont allergiques au maintien de l’état de siège et sont devenus les adversaires de celui-ci, comme si les gouverneurs civils allaient empêcher la pose des bombes et les massacres des populations.
La guerre ouverte, déclarée avec le Rwanda, ne sera pas une réaction de colère, elle doit bénéficier de la froideur de la rationalité et n’être déclenchée que si les étapes d’après sont planifiées, à savoir la discussion avec les commanditaires en leur disant qu’ils n’ont pas besoin de briser le Congo pour obtenir du Congo. Seule une coopération win-win peut garantir le retour à un climat de paix et laisser cette zone du bassin du Congo développer sa vocation de comptoir mondial où le commerce est libre, avec un peuple digne.
Adam Mwena Meji